“No erés bipolar, estás bipolar…”, m’avait dit en 2015 mon psychiatre chilien, le Docteur Eduardo Correa, spécialiste des mood disorders, reconnu à l’échelle internationale (rédaction d’ouvrages en anglais, publications dans des revues internationales). Vous ne comprenez pas l’espagnol? Vous ne comprenez pas le trouble bipolaire? On a des hauts (très, très hauts lorsque l’on appartient au Type I comme moi), des bas (très, très bas lorsque l’on appartient au Type I comme moi), et, lorsque l’on atteint l’horizon, la stabilité, la normalité, l’ “euthymie” comme l’on dit dans le registre lexical de la psychiatrie, et bien… L’on n’est plus bipolaire, voyons! J’y suis, j’y suis enfin! Bien plus qu’en octobre dernier, sans aucun doute. Depuis que j’ai de mon propre chef décidé de retirer ce qu’il me restait d’antidépresseurs, option approuvée par ma psychiatre, j’ai retrouvé un rythme de sommeil normal et dors comme un bébé (sept, huit, neuf heures par nuit); les crises d’angoisses, l’omniprésence de l’idée de la mort dans ma conscience, ont presque totalement disparu; je suis juste émotif et un peu nerveux, comme je l’ai toujours été; je suis redevenu un être humain normal! Pour combien de temps? “I’m on a roll, I’m on a roll, I feel my luck could change…”, comme le chante Thom Yorke dans la chanson “Lucky” de Radiohead. Mais non, non, non, cette fois-ci, ma chance ne virera pas — tant que je saurai ne pas faire d’overdoses d’écriture ou d’activité physique, tant que je saurai m’abstenir totalement de toucher aux substances illicites, tant que je ne m’autoriserai de ne boire qu’avec modération, tant que je saurai me tenir bien à l’écart des individus qui me font ressentir comme un être inférieur, qui m’oppriment, qui me marginalisent: je maintiendrai le cap. Je sors peu à peu de cet infernal tunnel qui aura duré… Je ne veux même plus y penser. Et, pour conclure, je me permettrai quand même de faire un petit et cordial doigt d’honneur à tous ceux de mon entourage qui n’ont vu à travers une majeure partie des articles antérieurs de Bipolaroid qu’une rééruption de mon trouble érotomaniaque à l’envers de celle que je n’ose même plus nommer — en mettant bien sûr à part David Lynch, qui est beaucoup trop occupé pour lire les choses en profondeur. @Une grande partie de ceux de mon entourage à qui j’adresse ce petit et cordial doigt d’honneur (et aussi @Une grande partie de l’Humanité): êtes-vous seulement capables de saisir à quel point votre usage démesuré et désordonné de l’internet vous a-intellectualise, vous déconscientise, vous démunit de toute empathie…?! #prostitution-à-clic.