Cher Journal,
C’est à toi que je m’adresse aujourd’hui (si je ne m’abuse, c’est bien la première fois, non?) car tu m’as posé une question. Avec toi, il n’y aura pas de fioriture, pas de codage en lettre grecque ou de /ForbiddenName/, nous parlerons sans rien nous cacher, sans que je ne me camoufle derrière quelque symbole pseudo-thérapeutique que ce soit. Ta question, donc: le fait de blogger à tout va sur ma maladie et les remous conséquents de mon existence et de relayer mes articles auprès de tous mes contacts Facebook constituerait-il une forme de suicide social? Oh! Qu’il me semble loin le temps, pourtant si proche, du plaisir et de l’espoir qu’il y avait à revivre à Paris en euthymie (te rappelles-tu de cet article?)… Comment répondre à ta question de façon concise? D’abord, et tu le sais bien, depuis mon passage par les cases “folie furieuse” et “Fishbacho-obsessionnelle” entre 2017 et 2019, je suis marqué au fer rouge, stigmatisé à l’extrême. Les “gens” — essentiellement ceux de mon entourage proche c’est-à-dire parisien — sont persuadés que je repasserai tôt ou tard par là. Le mal étant fait depuis longtemps, est-ce que je me tire vraiment des balles dans les pieds à remuer les houles du passé et à les publier sans cesse? Un peu, sans doute, selon toi? Il est vrai, en effet, d’autre part, qu’à quelques exceptions près, mes amis parisiens (réduits à une peau de chagrin) ne lisent vraiment que le titre de mes articles qui peuvent apparaître sur leur fil d’actualité Facebook et, sans voir ni comprendre la démarche d’autothérapie qu’il peut y avoir dans mes textes, et sans prendre le temps de compter que mon blog n’est pas complètement monothématique, n’y voient par réduction hypothético-déductive que: Fishbach, Fishbach, et encore Fishbach. Et pour eux, ainsi donc, je suis toujours atteint de “Fishbachite chronique” — alors que c’est surtout, psychologiquement et sans doute aussi biologiquement, d’un deuil post-Fishbacho-maniaque dont je souffre.
Non, je ne vois pas grand monde. C’est un peu de ma faute: je suis presque tout le temps fatigué sinon déprimé et, en outre, j’ai claironné il y a quelques semaines, auprès d’une ou deux personnes centrales dans mon noyau social, que j’étais complètement fauché (ce qui n’est pas/plus complètement vrai, je viens de gagner au Loto, enfin façon de parler, tu me comprends…). Mais ce n’est pas que ça: il y a des conciliations impossibles à concrétiser — tel ami va voir telles autres personnes qui ne veulent plus me voir et, de proche en proche, apparaît la difficulté sinon l’impossibilité de me joindre aux groupes que je côtoyais par le passé, avant de devenir bipolaire. Et puis, je sais que certains d’entre eux se droguent encore et, pour mon bien, ne me convient pas à leurs restricted parties.
Comment? Quid du futur? Tu me suggères de laisser complètement derrière moi les personnes m’ayant connu dans mes invraisemblables phases maniaques d’il y a quelques années afin de pouvoir réellement tirer un trait sur le passé et pouvoir avancer? N’est-ce pas un peu hardcore comme option? Peut-être qu’arrêter de blogger, me lancer dans l’écriture d’un véritable roman, autobiographique ou non (autofictionnel?), serait une solution plus adaptée, non? Cela ne changera rien au regard des gens sur moi? Peut-être un peu, quand même! Leurs a priori resteront mais ils verront une évolution. Mais je ne suis pas encore assez stable pour me lancer dans une telle entreprise. En outre, cela peut paraître très bête et narcissique, mais le blogging apporte parfois une auto-gratification immédiate: si mes articles parodiques “Bipolaroid Club”, relayés dans des groupes restreints dédiés aux troubles bipolaires, m’ont attiré un nombre significatif de “vues”, à ma grande surprise ma “Letter To Marina Lambrini Diamandis (aka MARINA)”, une sorte d’histoire de ma santé mentale à travers des disques et des chansons, relayée dans un commentaire sur la page Facebook de la chanteuse gréco-galloise et dans le plus gros groupe de fans que j’eusse pu trouver sur Facebook, a connu un succès phénoménal, avec des dizaines et des dizaines de vues à travers le monde entier en quelques jours. Peut-être devrais-je me cantonner à des articles en anglais, langue plus souple et imaginative que le français et dans laquelle je me considère parfois, tant qu’armé d’un bon dictionnaire, meilleur rédacteur que dans la langue de Molière? Comme ça, dans mon entourage, personne ou presque ne suivra et j’aurai la paix pour déblatérer et ressasser ce que je veux dans des articles que je relaierai dans des groupes idoines…
Qu’en penses-tu, Cher Journal? Merde, ce con s’est endormi. Je parle trop, une fois de plus. Ready for novel?…
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