Bienvenue au Bipolaroid Club
Nous allons aujourd’hui voir comment adopter une “bonne hygiène de vie” dans l’objectif de stabiliser un trouble bipolaire. Les règles (qui suivent en numérotation les règles énoncées dans les deux premiers épisodes du Bipolaroid Club: [1] et [2]) sont les suivantes:
La règle numéro 9 du Bipolaroid Club est: “vous devez suivre à la lettre le traitement qui vous est prescrit, en tentant au mieux, d’un jour à l’autre, de le prendre aux mêmes heures. Vous devez éviter, même si cela peut être tentant en période de dépression profonde et désespérante, de vous ‘défoncer’ aux anxiolytiques et somnifères (vous risquez notamment de vous retrouver à court de médicaments avant votre prochain rendez-vous chez le psy; ou d’entrer dans un cercle vicieux de dépendance aux benzodiazépines). SURTOUT, vous ne devez jamais interrompre votre traitement, même pour des raisons d’ordre libidineux (Voir l’Épisode 2 du Bipolaroid Club).”
La règle numéro 10 du Bipolaroid Club est: “vous devez vous armer de la plus grande patience dans la mesure où, selon les patients, il faut parfois des années voire des décennies (sinon une éternité, vous m’aurez compris…) avant de trouver le traitement permettant la stabilisation d’un trouble bipolaire.”
La règle numéro 11(a) du Bipolaroid Club (version outre-Atlantique; selon mon tout premier psychiatre, un Chilien qui publiait des articles et ouvrages à un niveau international) est: “vous ne devez JAMAIS boire ni alcool (pas même le fond d’un verre) ni café (pas même une tasse). En revanche, vous pouvez vous permettre, régulièrement à quotidiennement, un petit joint d’herbe naturelle, aucun travail scientifique n’ayant jamais vraiment démontré d’incidence du cannabis sur les troubles bipolaires.”
La règle numéro 11(b) du Bipolaroid Club (version française) est: “vous ne devez JAMAIS fumer de cannabis.”
La règle numéro 12 du Bipolaroid Club est: “vous devez toujours vous coucher le plus tôt possible (idéalement entre 21 et 22 heures), les heures de sommeil avant minuit étant les plus importantes pour une personne troublant d’un trouble bipolaire. Vous devez ainsi renoncer: aux programmes télévisés se terminant tard; aux sorties culturelles, repas, et fêtes entre amis (ce qui ne devrait guère représenter un problème si vous avez violé les deux premières règles et prêté attention au premier épisode du Bipolaroid Club); aux marathons sexuels avec votre concubine (ce qui ne devrait guère non plus représenter un problème si l’on considère le contenu de l’Épisode 2 du Bipolaroid Club); etc.”
La règle numéro 13 du Bipolaroid Club est: “vous devez chaque matin, avant même la douche et le petit-déjeuner, pratiquer entre 15 et 30 minutes d’activité physique (à votre goût), indoor ou outdoor.”
La règle numéro 14 du Bipolaroid Club est: “au point où nous en sommes, bouffez ce que vous voulez et n’arrêtez surtout pas de fumer ou de vapoter, il paraîtrait (selon le bouche-à-bouche) que la nicotine aurait des vertus antidépressives et (selon des travaux scientifiques) qu’elle pourrait améliorer les capacités de concentration chez les malades psychiques (le déficit d’attention chronique étant une comorbidité fréquente chez les personnes souffrant d’un trouble bipolaire).”
Je ne reviendrai ici que sur les règles 11(a) et 11(b): si le fait de pouvoir s’autoriser de la fumette par-ci, par là, comme le défendait mon premier psychiatre sud-américain, est, selon mon point de vue, extrêmement discutable, il est tout aussi extrêmement étonnant qu’en France les psychiatres soient à ce point obnubilés par le NO-cannabis alors qu’ils ne mettent presque jamais en garde contre les excès de café (qui peut avoir des effets surexcitants et anxiogènes, avec possibilité de décompensation dépressive de court à moyen terme) et la consommation d’alcool (LE dépresseur le plus notable en vente libre). Le juste milieu est probablement entre les deux… Mais, de toute façon, si vous avez bien assisté au Bipolaroid Club jusqu’à présent, vous aurez saisi qu’il ne vous reste plus grand chose pour pouvoir jouir de la vie. Vous appartenez à ce que l’on pourrait appeler le prolétariat psychique: outre le travail (si vous avez la chance de pouvoir travailler), vous ne disposez que de votre lutte contre la maladie pour vivre.