J–1 avant une Olympia que je ne verrai pas. Il est temps. Le deuil n’est pas vraiment fini mais il est écrit. L’essentiel a été dit dans I In The Mourning Now Stay et dans les articles que j’ai pu écrire hier (Note: quatre articles en 24 heures; j’ai bien eu une sorte de court et intense épisode maniaque; j’en paye les pots cassés aujourd’hui, croyez-moi… — je ne comprends plus grand chose à mes cycles thymiques). Il est temps donc, en synchronie symbolique avec la dernière date de sa tournée: de ne plus parler d’elle — Fishbach (parfois, souvent codée dans ces pages par la lettre grecque φ). Je sais ou devine que nombre de mes proches détestent, sont consternés ou du moins circonspects dès lors que j’aborde le sujet — alors que, paradoxe, selon les statistiques de lecture fournies par WordPress, la seule mention du nom de cette artiste dans le titre d’un article m’attire des lecteurs. Je pourrais ici faire ma capricieuse et, au risque de paraphraser la chanteuse en question, dire: je n’écris pas pour être aimé, encore moins pour être jugé. Mais peut-être n’ai-je pas assez d’ego ni de stature pour rester indifférent au retour des autres; et surtout, en outre, il n’est pas seulement ici question de littérature mais de (ma) santé mentale. Suis-je à ce point masochiste à remuer ainsi le couteau dans la plaie? La question est subtile; je l’ai écrit hier dans ma “Letter to Marina Lambrini Diamandis”: “When you became really insane (because of bad or, worst, drop of medication) once in your life, you never stitch the wound: just as the loss of a beloved one, the memory will stay in you forever.” Que les choses soient claires: que croyez-vous? Je suis hanté et tout ce que j’écris en essayant d’assécher le cours de la rivière relève d’une démarche thérapeutique. Peut-être, quelque part, me voit-on comme un “terroriste psychologique”: en exposant au plein jour mes angoisses et obsessions les plus profondes, celles qui généralement ne franchissent pas la porte du cabinet d’un⋅e psychothérapeute, joué-je le rôle d’un hideux miroir — je renvoie tout le monde à la Peur, aux Peurs sourdes qui empêchent de dormir et n’attendent que la Fin pour mourir. Dans tous les domaines artistiques, cette attitude, mon attitude, existe. Regardez R.E.M. et son chanteur Michael Stipe (lui aussi aura droit à sa “Letter”, en temps et en heure), par exemple: dès 1991 et la chanson “Low” et de surcroît dans l’unanimement acclamé chef d’œuvre Automatic For The People (1992), l’angoisse de la mort est omniprésente et répétitive. Suis-je à ce point un moribond moins-que-rien, un pathétique et pestiféré écrivain, à qui l’on balance: mais, ducon, va justement consulter un⋅e psychothérapeute? Réponse immédiate: (i) je n’en ai pas les moyens financiers (les psychologues et psychothérapeutes ne sont pas remboursés par la sécu et sur Paris une consultation doit avoisiner les 100–150 euros), et (ii) peut-être parce que je considère que j’écris bien mieux que je ne parle, et parce que je vois dans l’écriture la meilleure catharsis qui soit, je considère que, jusqu’ici, j’ai trouvé plus de repos dans la composition de mon blog que dans la consultation d’un⋅e spécialiste. Et puis, j’ai toujours rêvé d’être célèbre: savez-vous, il ne se passe généralement pas trois jours sans que quelqu’un⋅e (inconnu⋅e) ne vienne consulter la chronique que j’ai pu écrire de la chanson “Mortel” (dans sa version initiale ici, et dans sa version révisée là). “Vincent Tristana” est ainsi peut-être connu dans la foule des fanatiques de la tête de proue de la French Pop. Voilà, je suis une star, et, sur ce, bonsoir.
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I can hear their voices from overseas
My Brett, Marina, Michael and many other ones’
They’re telling me you’re right
They’re telling me this is the Big Time
This is the way
They’re telling me “Erase the virus”
Erase the virus from your writings
And then I press the button
And φ-Cleaner will run
Bye, bye, baby
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Ici s’achève la Première Partie de Bipolaroid. Presque deux ans et quatre mois (et près de 200 articles) de “travail”.
À suivre…