Ou quand la Fishbachomania se transforme en Fishbachophobie…
L’ “erreur” qu’a commise la semaine dernière ma psychiatre de me prescrire de la quétiapine — neuroleptique qui m’a plongé durant trois-quatre jours dans d’épouvantables états catatoniques (jusqu’à ce que je décide de mon propre gré d’arrêter ledit neuroleptique hier soir; d’où le petit accès/rebond tachypsycho-maniaque qui me pousse à écrire autant aujourd’hui; troisième article en l’espace de dix heures après “L’érotomanie (suite et fin) — #LosingMyReligion” et “De l’impasse sociale de parler de sa maladie [Bipolaroid Club]”) — cette “erreur” donc, a déclenché, dans les limbes où j’entendais indéfiniment et insupportablement se répéter des passages de “The Hunter” de Björk ou du “Chanteur” de Daniel Balavoine, d’invraisemblables attaques de panique relatives à La Rivière aux Poissons (sens de “Fischbach” en patois ardennais) et à la façon dont je l’avais harcelée à l’extrême et diffamée sur internet en 2018 et 2019. La quétiapine était censée: (i) contrôler une érotomanie dont j’ai expliqué le caractère passé dans le premier des deux articles susmentionnés (ma psychiatre [j’ai failli écrire “ma fishbach”; lapsus révélateur de…?] aura mal compris ou je lui aurai mal conté toute la story); et (ii) supprimer les cauchemars “fishbachologiques” que j’ai pu faire ces derniers temps. Ce gentil antipsychotique qu’est la quétiapine m’a fait psychoter jusqu’à me rendre complètement fou. Internet et mes boîtes mail ne m’ont pas aidé: la Fnac me rappelant “J–3 avant le concert de Fishbach!” ou Fishbach elle-même ayant envoyé à tous ses contacts mails un concours pour gagner deux places pour le concert affichant complet depuis belle lurette. Je me suis mis à non seulement voir mes cauchemars comme précognitifs mais en plus à en tisser de nouveaux les yeux grands ouverts (façon de parler; quand je suis au plus bas, je ferme les yeux). Je me voyais humilié à l’Olympia, le portail de mon blog projeté en arrière-plan de la scène, avec Laura (la personne à qui j’ai offert ma place) m’envoyant des messages comme “ptn tes reves etaient premonitoires” et moi, complètement maso, lui demandant de m’appeler pour ne pas rater une miette du massacre et elle me répondant “mais j suis dans les 1er rangs!” et moi, toujours plus maso, lui répondant “encore mieux!” et de proche en proche le smartphone de Laura se retrouvant dans les mains de Fishbach qui commençait par “alors Cher Connard, ça farte? J’ai mis le haut parleur, tu préfères t’auto-humilier devant l’Olympia toute entière ou tu préfères que je m’en charge… T’inquiète, tu connais mon détournement de ‘Mortel’, ta chanson préférée, en ‘Sale connard’? J’en ai fait une toute nouvelle adaptation spécialement pour toi… On va commencer par ça…” Ou alors je la voyais porter plainte à retardement pour l’avoir “mentionnée” (“tagguée”) sur Facebook (actes que j’ai commis au cours des derniers mois: pour célébrer son chien avec le fameux “I Want A Dog” des Pet Shop Boys; pour faire de la pub pour mon blog; pour relayer des messages de peur et de renoncement publiés sur ma page…) ou pour l’avoir contactée en message privé sur Instagram pour lui demander de faire circuler la “story” où j’annonçais mon désir de revendre ma place “pour raisons de santé”… — Petites gouttes d’eau qui faisaient déborder l’énorme aquarium constitué de ma part il y a quelques années.
(J’ouvre ici une parenthèse: comment font ces gens du showbiz pour gérer au quotidien leurs réseaux sociaux? Fishbach, c’est une petite échelle: même pas 38,000 followers sur Instagram; si l’on examine ses photos, l’échelle des commentaires/réactions — généralement des émoticônes, bienvenue en 2022 — est d’un ordre de grandeur de 10–100 par photo. Mais quand même, ça doit faire beaucoup de bips. Est-ce qu’elle désactive les notifications? Est-ce qu’elle lit toutes les réactions? En tournée sans doute non. Cependant, je me rappelle d’une fois, cela devait être il y a bien deux ans, j’étais au fond de mon lit, et elle avait posté une photo d’elle en train de fumer. J’avais commenté: “Ouf, Flora F. fume toujours, tout va bien.” Elle avait liké et je m’étais rendu compte qu’elle likait la quasi-totalité des réactions de ses followers. Bon, ça c’est notre petite rivière aux poissons. Passons à une superstar qui a toujours laissé la France indifférente mais qui cartonne outre-Atlantique: MARINA [anciennement Marina and The Diamonds]. 1,2 millions d’abonnés sur Facebook, 1,9 millions de followers sur Instagram! Pour les commentaires/réactions aux photos, on est un sacré ordre de grandeur au-dessus de Fishbach: >100–1000 par photo publiée. On peut se livrer à ce petit jeu avec pas mal d’artistes: pour U2, dont France Inter parlait ce matin, on est à peu près dans le même ordre de grandeur que MARINA — c’est dire la popularité de cette dernière qui n’a pourtant vraiment émergé qu’il y a une petite dizaine d’années; et oui, je l’aime bien, c’est une de mes faiblesses, j’aime son côté ‘Lady Gaga indie’; et quant à elle, impossible de la mentionner/tagguer sur Facebook [sinon je l’aurai déjà également stalkée depuis longtemps!]. Bref: tous ces gens-là ont soit plusieurs smartphones, soit des agents chargés d’écouter des centaines de bips tous les jours, soit… Je ferme la parenthèse mais je pense qu’il était ici opportun de souligner à quel point Facebook et encore plus Instagram ont pris une importance démesurée dans le travail des artistes du monde de la pop music… De quoi devenir complètement tachypsychique…).
Au summum de mes crises de panique de ces derniers jours, il y avait… L’attentat à l’Olympia. Dans cette crise d’angoisse se mêlait une peine inouïe (j’ai beau avoir parlé de Fishbachophobie au début de cet article, il faut croire que j’ai quand même encore beaucoup d’affection pour elle) et, évidemment, la peur d’être le suspect numéro 1. N’oublions pas qu’en 2019, j’ai envoyé imprimée l’intégralité (des centaines de pages de délires) de “Fishbach Program: New Insights Into Terrorist Attacks” (converti en, je crois me souvenir, dans sa version finale: “Lettres à Fishbach et au monde — Réflexion sur la psychose et les attentats — Mémoires du 17 novembre 2018”) à la DGSI, à l’UCLAT, et à l’Élysée — j’avais rapidement été appelé par le Centre de Prévention contre la Radicalisation et les Violences qui m’avait ordonné de tout décliner de mes identités, lieu de résidence, lieu de réception de l’appel, etc.
Pardon? À choisir? Je ne choisis rien. Je veux juste que le 30 novembre 2022 soit un triomphe pour Fishbach et que je reste dans l’ombre ce que je suis, un nobody. J’en parlais tout à l’heure sur un groupe de bipolaires sur Facebook: il y a des traces de son parcours de vie que l’on n’efface jamais. Jamais je ne pourrai effacer ce que j’ai été pour elle, Fishbach, comme ce que j’ai été pour ceux qui comptent encore plus, mes proches. Certains m’ont pardonné, d’autres non. La cicatrice est toujours là, béante. Et moi, dans ces moments-là, m’échappant vers un état béat, je recherche dans mon blog une certaine “Letter Never Sent”… C’était le 8 octobre 2020. Plus de deux ans déjà. En voici la copie, dont j’ai enlevé certains morceaux assez niais et/ou médiocres et à laquelle j’ai ajouté en outre plusieurs précisions en gras.
Chère Flora Fischbach,
Ce message ne vous sera normalement pas envoyé (Que croyez-vous? Évidemment que je lui avais envoyé le lien via Facebook ou Instagram! Pas immédiatement mais au bout de deux ou trois jours je n’y tenais plus…). Peut-être ne lirez-vous jamais ces lignes. Mais c’est à vous que je veux parler aujourd’hui. Comprenez bien que dans le long train d’agonie qu’est ma dépression, remuant les sables mouvants de mes délires passés, il m’est difficile de ne pas penser, repenser à vous, à la voie vénéneuse que j’ai eu de vous introniser comme personnage central de ma psychose au cours des trois dernières années. Pourquoi vous? “Il n’y a pas de hasard”? Nous ne saurons jamais. Dans la douleur, ces dernières semaines, j’ai écrit ou laissé penser dans d’autres chapitres beaucoup de choses contradictoires vous concernant. Soyons réalistes. Je ne suis pas amoureux de vous (Mouais… À l’époque, je crois que je rêvais encore beaucoup d’elle). Vous n’êtes pas ma Déesse (Elle l’était sans doute plus que jamais!). Je vous admire, beaucoup, c’est suffisant. Votre visage, tel qu’il apparaît sur la pochette de votre album et encore plus sur le fond d’écran de vos morceaux sur YouTube, me rappellera toujours singulièrement celui d’une intelligence artificielle dont un jeune geek, dans un film ou téléfilm de la fin des années 1980, tombe amoureux à travers son écran d’ordinateur avant d’être envahi par un virus diabolique (J’ai littéralement passé des journées entières dans l’espoir de retrouver une trace de ce téléfilm… En vain) — troublante mise en abyme, n’est-ce pas? Mais n’allez pas croire qu’en filigrane d’une telle comparaison je pourrais vous identifier à une démone responsable de mes maux. Quelle analogie plus profonde trouver pour résumer en une phrase ce que j’ai déjà longuement et vaguement décrit ailleurs, comment je vous ai noyée et dénaturée dans le cours de ma folie? Vous connaissez bien sûr Fight Club de Chuck Palahniuk en livre et David Fincher en film; de la même manière que le héros s’invente un Tyler Durden, je m’étais créé ma Flora Fischbach, un double féminin de moi-même. (…) (Et, allez, au début de ce blog, je n’arrivais pas à confesser ce genre de choses, mais aujourd’hui je peux le dire: nous faisions beaucoup, beaucoup l’amour — #érotomanie! — même s’il n’y avait pas qu’elle, loin de là; à l’époque je croyais à la “télépathie érotique” [tout un concept]; au moins cela m’évitait de claquer de la thune en allant voir des escorts…)
Ce message ne vous sera pas envoyé, par principe (blablabla). Car, et je ne pense pas me tromper ou me montrer stupidement paranoïaque, sous d’autres avatars, dès 2017 mais surtout en 2018 et 2019, dans mes phases d’hyperactivité littéraire et cybernétique (plus proprement dit: “dans mes phases de manie délirante”), je vous ai déjà suffisamment envahie (environ un mois plus tard, en écrivant l’interprétation de la chanson “Mortel”, j’allais apprendre par Valoy, le compositeur des textes, que j’avais bien été le seul et unique — et très malsain — stalker de Fishbach au cours des années 2018 et 2019) par écrit avec ma passion pour votre musique, mes histoires de survie aux troubles psychiatriques, ou mes scénarios d’attentats du quatrième millénaire dans lesquels nous nous trouvions emmêlés — tous textes exponentiellement déments et confus avec le temps. N’avez-vous jamais aperçu, copiés dans le fil des commentaires de vos photos sur Facebook, des textes entiers, de plusieurs pages peut-être, d’un fou qui va jeter ses délires à la vague et puis espère? N’ai-je pas envoyé, à votre intention personnelle, d’épais recueils imprimés de mes sites internet et autres textes à votre label musical, à votre agence d’acteurs? N’en ai-je pas abandonné d’autres dans des bars de Paris où vous étiez connue? Ne vous ai-je pas plus d’une fois twittée allant jusqu’à me présenter comme un agent de la CIA chargé de vous protéger? N’ai-je pas trouvé dans les pages blanches le numéro d’une Madame Fischbach à Charleville-Mézières, laissant sur son répondeur, dans l’espoir d’une filiation, des messages aberrants dans lesquels je désirais, au choix, vous révéler “des informations de première importance” ou vous vendre un paquet de Marlboro?… (Je me souviens bien: à l’époque je n’avais aucun téléphone portable et lorsque je voulais passer un coup de fil, je devais passer chez mon père; quelques jours après le coup des “j’ai un paquet de Marlboro à vendre, peut-être que ça l’intéresse”, une dame avait rappelé chez mon père: “cela commence à bien faire! C’est du harcèlement moral”, lui avait-elle lancé avant de raccrocher).
Qu’espérais-je? Je me croyais unique pour avoir écrit quelques paquets de pages maladroitement, en français, en anglais, laudatives, poétiques et “amoureuses” vous concernant — certains paragraphes valaient peut-être plus (non, globalement, j’écrivais vraiment de la merde) que la critique des Inrocks en 2017 qui ne vous avait classée qu’en quinzième position de leur classement annuel, ils demeuraient emballés dans un volumineux nuage de délires qui n’avait sans doute rien d’attrayant, qui se définissait peut-être même comme répulsif. Si en mon for intérieur je ne prétendais attendre rien d’autre qu’un “merci” (Ah! Comment disiez-vous dans le livret du disque? “Il est parfois plus difficile d’écrire un merci qu’une chanson”), il faut bien dire la vérité: une femme, en ascension, célèbre, ne se trouvait que rationnellement et légitimement en position de se sentir harcelée, au moins moralement, par un personnage comme celui que j’étais alors; pour le moins, de percevoir de la crainte et de se maintenir à distance (les femmes ont un don pour flairer les érotomanes; mais peut-être/sans doute craignait-elle plus en moi la dimension “psychotique inspiré par le terrorisme”). Je me trompe peut-être: dans le fil de vos vies électronique et réelle chargées, peut-être ne faisiez-vous que fi des messages de ma part vous arrivant aléatoirement (encore une fois, non; voir ci-dessus le rapport de ma discussion avec Valoy). Mais faisons comme vous l’avez peut-être fait à l’époque l’hypothèse du pire: m’auriez-vous ne serait-ce que laissé un message de gratitude ou de rejet — j’étais une toupie maniaque pathologiquement enthousiaste de quinze ans d’âge mental jouant au yo-yo avec son traitement, littéralement déboussolé: quelle aurait été ma réaction? Jusqu’où aurais-je pu aller dans le démonstratif? Vous ne pouviez pas me répondre. Vous ne deviez pas me répondre. (Je reste dubitatif sur ce point: peut-être m’aurait-elle envoyé chier ou menacé d’un dépôt de plainte serais-je redescendu… Je me souviens d’une désormais ancienne amie qui faisait partie d’une longue liste de contacts à qui j’envoyais mes délires sur le terrorisme; elle m’avait, euphémisme, vertement démoli la gueule en réponse privée; j’avais beau être complètement fou, cela m’avait donné à réfléchir… Mais… Mais… Y a-t-il pure punition que l’indifférence?)
(…) (J’ai retiré les excuses pleines de pathos de la fin de cette lettre car je reste convaincu que je reste “impardonnable”)
J’avais très peur en commençant cet article. Cela va beaucoup mieux. Therapy goes on…