Les psys, φ, et l’érotomanie (et une adaptation inédite du “Chanteur” de Daniel Balavoine)

Je me souviens de mon psychiatre d’il y a trois, quatre, cinq ans… Il était chouette. Je lui parlais de φ, évidemment. Il l’appelait “La Chanteuse” — d’où l’adaptation (partielle) de la chanson “Le chanteur” de Daniel Balavoine qui m’est venue à l’instant:

J’me présente, je m’appelle Flora
J’voudrais bien avoir un public, de l’aura
Être belle, gagner plein de blé
Puis surtout être harcelée
Par un gros con du nom de Vincent Tristana

‘L’est psycho, tient des blogs de merde
J’me vengerai, je l’humilierai sur ma scène
J’port’rai plainte si il me menace
Ou seulement me traite comme une garce
M’a dit adieu cent fois
Mais v’savez quoi?
J’sais qu’il reviendra

Et partout dans la rue j’veux qu’on crache sur lui
Que les filles sans honte lui heurtent le vis
Qu’elles le roustent, qu’elles le brisent
Qu’elles déchirent ses devises
Pour mes copines de l’école ce fut la même donne
J’veux qu’Nora Hamzawi m’aide à l’clouer dans son lit
Qu’il y reste contrit
Comme dans la psychiatrie

(…)

Bref. Je reviens à mon ancien psychiatre. C’était étrange. Il développait une réelle fascination pour φ. Il cherchait — devant moi — ses vidéo-clips sur YouTube (“c’est vrai qu’elle est très, très belle”, me dit-il une fois) et, ultérieurement (dans le long intermède qui exista entre le premier et le deuxième disque de φ), me confessa même son impatience de la découvrir dans la série Vernon Subutex (que je n’ai jamais regardée — mon fanatisme pour φ s’est toujours cantonné à sa carrière musicale). C’était comme si… Oui, j’eusse un poil contaminé mon ancien psychiatre avec ma φ-mania. Nous parlions aussi, bien sûr, des dédicaces que φ m’avait laissées après les premiers concerts auxquels j’avais assisté. “Il est clair que vous êtes profondément amoureux d’elle… Mais là, à interpréter ces dédicaces comme un amour en retour, vous entrez dans le domaine de l’érotomanie“, insista-t-il.

Ma psychiatre actuelle est radicalement différente. Déjà, φ et sa musique, elle n’en a rien à battre. Ce qui l’intéresse, c’est le comportement psychologique que je peux avoir vis-à-vis de “la chanteuse”. Ensuite, elle a qualifié la définition de l’érotomanie léguée par mon ancien psychiatre comme “caricaturale”. L’érotomanie — terme que, sauf erreur de ma part, je n’ai jamais usité dans les textes de ce blog — ne correspond ni plus ni moins qu’à ce que j’ai pu appeler le trouble φ-obsessionnel: une obnubilation amoureuse pour une personne inaccessible. J’ai parlé à ma psychiatre de l’article en anglais que j’ai écrit hier, en particulier de la scène de tristesse lors du passage de “Cambodia” de Kim Wilde dans les haut-parleurs alors que je cherchais une cafetière au Darty de République. Elle a évidemment approuvé mon choix de renoncer à aller voir φ en concert à l’Olympia. Elle m’a confirmé que j’étais bien en deuil, que j’avais à laisser sur le bas-côté non seulement φ et ma (plus ou moins) ancienne érotomanie mais (comme décrit dans le susmentionné article) toute une partie de moi-même. Elle a rajouté à mon traitement une petite dose d’un neuroleptique pour m’aider à faire sortir φ de ma tête. “Ce sera peut-être dur mais vu la lucidité que vous avez sur toute cette période de votre vie vous y arriverez”, a-t-elle conclu.

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À Daniel B. 

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