Je n’étais pas très en forme hier. Vraiment pas. Mais j’avais convié pour 19 heures une poignée d’ami(e)s pour une mini-pendaison de crémaillère. Ils sont arrivés pile poil à l’heure avec des quantités de bouteilles que je ne suis plus habitué à voir (je ne dis même pas “boire”) alors que j’émergeais de l’une de mes trois ou quatre siestes de la journée, dans le noir et en pyjama. Ce fut ensuite génial. Je n’ai bu qu’un demi-verre de vin et ne me suis pas drogué. J’ai beaucoup ri. Tout le monde m’a dit que je paraissais absolument normal et que l’on ne devinait aucune trace de “maladie” dans mon apparence et mon comportement. Cependant, une profonde fatigue sourdait en moi. À minuit, à grands renforts de cris et gloussements, nous nous sommes souhaités la bonne année et eux sont partis poursuivre la teuf ailleurs pendant que moi je m’écroulais dans mon lit.
Aujourd’hui, dur retour à la réalité. Heureusement, après ma mini-pendaison de crémaillère et avant de me coucher, j’avais pris le temps de faire le rangement nécessaire. Toute la journée, malgré des abreuvements significatifs de café, j’ai été dans un état lamentable — épuisé, déprimé, abattu. Je ne compte même pas le nombre de fois où je me suis recouché. J’ai réussi à me traîner comme un vieillard jusqu’au tabac — même si j’ai l’intention de demander à ma psy de me prescrire des patches anti-tabac je fume allègrement, je me dis que je me vois mal vivre comme je vis après 70 ans (slow suicide method). C’est horrible de devoir admettre que dès que je fais quelque chose de sportif ou social il me faut un, deux, trois jours pour m’en remettre et qu’ainsi je ne fais qu’accroître la pente de la droite de tendance descendante sur laquelle je suis.
Entre deux phases de somnolence, j’ai eu un petit accès d’activité. Je me suis dit que j’allais faire une “playlist–blind test” pour les lecteurs de mon blog. Cela m’a soigneusement laminé car je suis très maniaque (pas au sens psychiatrique) dès lors qu’il s’agit de musique: une fois la tâche terminée, j’étais dans la plus totale incapacité d’écrire quoi que ce soit sur mon blog. Alors, j’ai écrit un court texte en anglais, suis allé sur Instagram et l’ai envoyé en vrac en commentaire ou message privé aux différentes “célébrités” que je “follow” — une liste totalement incohérente résultant d’un choix paresseusement aléatoire au moment de la création de mon compte Insta il y a deux ans: de mémoire (j’en oublie certains…), Charlotte Gainsbourg, Mat Osman, Michelle Blades, Requin Chagrin, Brett Anderson (pas bien sûr que ce soit le vrai d’ailleurs), Marina Diamandis, Juliette Armanet, et, quand même, Fishbach — lors de ma sieste subséquente, réécoutant l’intégralité de la playlist, j’ai été littéralement stupéfait de réaliser que je l’avais sans doute composée en pensant inconsciemment à elle (le stalking c’est comme une drogue: même lorsque vous n’êtes plus amoureux de la célébrité, même lorsqu’elle ne vous passionne plus vraiment, même lorsque sa musique vous laisse relativement indifférent, ladite célébrité continue de vous habiter). Le texte était le suivant:
A GIFT: Playlist “Music For Travelling And Dreaming”. To be downloaded following this link (it’s open and anybody else can DL it). Notes: all tracks have been converted from [j’aurais dû préciser: “first press”] vinyls and SACDs so that the volume and bass level may appear quite low and adjusted as you wish; all informations from the tracks have been deleted so that the playlist is also a “blind test”. Hope you’ll like it.
Ensuite j’ai également partagé la playlist-blind test et son texte d’accompagnement sur Facebook en rajoutant:
The first person to answer me with all the details (for each track: artist, name of the song, album, year) will win something (though I still don’t know what…).
Ah! Ah! Ah! Quand je repense aux détails audiophiles du premier texte, incompréhensibles (surtout en anglais pour un public francophone) pour peut-être 90% des mortels, je me demande si je n’ai pas fait tout ça en vain (cela dit je pense que des musiciens arrivent parfaitement à capter…). Mais au moins aurai-je fait quelque chose. On lutte contre la dépression comme on peut.
À vous de jouer. En termes éthiques, les applications de reconnaissance de chansons sont évidemment proscrites.
One thought on “Pendaison de crémaillère, chute libre, et la “playlist–blind test” de l’année”