Ce qui a foiré cette année — et l’espoir qu’il faut avoir

Automne, Paris. Le cercle est brisé. Hier soir, avec des amis que je n’avais pas vus depuis des années, je suis allé à un concert (Kit Sebastian, au Petit Bain), pour la première fois en cinq ans et demi — avant, il fallait remonter au 4 mai 2017, un concert de… Comment s’appelle-t-elle déjà? Ah oui, Fishbach. En moins de deux semaines, j’ai enfin réussi à presque définitivement aménager et m’installer dans le studio que j’avais commencé à louer au mois… d’avril. J’ai fréquenté assidûment Castorama et, après une longue période d’assistanat obligatoire (pratiquement toute la première partie de l’année, en fait), je fais mes courses et me prépare à manger sans problème. J’ai rattrapé toutes les démarches administratives et bureautiques que j’avais laissées de côté. À la suite de plusieurs mois d’inactivité totale, je marche beaucoup dans la capitale, m’attachant à scotcher sur les quartiers s’étant métamorphosés au cours des deux dernières décennies (ma “première” vie parisienne remontant à 1999–2009) et je recommence doucement, doucement, à courir, sans aucun excès. Je suis fatigué quand il faut être fatigué, n’hésitant pas à faire des siestes — de “vraies” siestes: sommeil sans ruminations ni angoisses —; que de la “bonne” fatigue naturelle, en somme (les personnes atteintes de la même maladie que moi pourront confirmer à quel point dans les périodes de dépression passer ses journées couché sans rien pouvoir faire est “délétèrement” épuisant). Je n’ai pratiquement pas fumé de cannabis. J’ai eu un ou deux moments d’achat compulsif (des disques), ce qui m’a fait craindre une montée en hypomanie; j’ai été rassuré par ma psy qui m’a dit: “le plus important est le regain d’intérêt que vous montrez pour la culture.” Oui! Je prends énormément de plaisir à réécouter de la musique et j’ai même sobrement recommencé à lire (le dernier Despentes), ce qui est un exploit au regard des deux dernières années; j’ai aussi pris un abonnement UGC-MK2 illimité (je suis déjà allé trois fois au ciné, mais c’était à chaque fois des bouses qui me conduisaient à quitter la salle à la moitié du film). Je regarde beaucoup les filles (Paris, quoi!) et ma libido est clairement en hausse et je vais peut-être consacrer une partie de mon temps à tinderiser (ce qui, cependant, à mon avis, me désespérera très vite). Je ne me sens pas déprimé. Je ne me sens pas surexcité. Je n’ai pas envie de me lancer dans des nuits toxiques sans fin. Tout cela est nouveau pour moi. Mon fameux syndrome parkinsonien et une réelle bougeotte due à l’effet retard des antidépresseurs (que ma psy diminue consciencieusement et progressivement) mis à part, je me sens, pour la première fois depuis — ? — proche de la “normalité” (normothymie, euthymie, choisissez le mot scientifique qui vous convient). Mais… Prudence: je sais que je reste sur une crête de laquelle il est facile de chuter d’un côté ou de s’envoler de l’autre. “Pas à pas”, comme me l’a dit un ami hier.

Quand je repense aux trois quarts antérieurs de cette année 2022… Putain de bordel de merde, qu’aurai-je gagner à passer plus de cinq mois en clinique en deux séjours? À chaque fois, c’était la même chose: j’arrivais dans un état lamentable, le psychiatre me bourrait d’antidépresseurs (160 mg de clomipramine et 30 mg d’escitalopram, pratiquement au-delà des doses maximales recommandées; un ami préparateur en pharmacie ayant travaillé en clinique psy a ouvert des yeux énormes lorsque je lui ai conté cela hier), je montais en conséquence rapidement dans la manie — j’écrivais sur ce blog deux articles à moitié délirants par jour, réalimentant au passage ma fishbachomania, et, m’imaginant dans un camp d’entraînement, je courais jour et nuit, littéralement (dans les couloirs lorsque je me réveillais à quatre ou cinq heures du matin, euphorisé comme une pile sous ecsta) — avant de retomber comme une merde au bout d’un ou deux mois à ce rythme: une première fois, une deuxième fois, et une horrible troisième fois, cet été, un gouffre sans fond à penser à la mort sept jours sur sept. Mes séjours dans cette clinique m’auront surtout finalement servi à nouer des contacts sociaux et à connaître quelques amantes…

Je ne veux plus mourir (cf. l’article “Mourir n’a pas de prix”, écrit il y a si peu…). Je veux vivre pour toujours. Je pense parfois à reprendre le travail, même si je sais que cela est profondément prématuré. La lutte contre la maladie reste encore pour moi un travail à plein temps. Mes objectifs pour les prochaines semaines? Continuer dans la direction décrite ci-dessus, ce qui inclut une écoute jouissivement obsessionnelle du dernier Suede (cf. l’article “AUTOFICTION: They Made It”), et assister en résistant émotionnellement à un concert de… Comment s’appelle-t-elle déjà?… Heureusement que je n’apprécie que très modérément son dernier disque, comme ai-je pu le claironner hier soir. Aussi, je veux continuer à errer dans cette ville, j’ai toujours aimé et considéré l’errance comme un luxe. Quand j’y repense, le mal du pays dont je souffrais lorsque je vivais en Amérique du Sud était peut-être surtout un “mal de Paris”. Ah oui! Il faut que je mange aussi. 70 kg pour 1,92 m quand il fait froid, c’est chaud, si je peux me permettre cet oxymore. Je vous laisse, ainsi: c’est l’heure du goûter.

Espérance!

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