De l’art d’être durablement dépressif

Cela fait des semaines que je n’écris plus. À quoi bon? Dans un monde de plus en plus virtualisé — Eh! Baudrillard! Covid-19 aidant, le crime est bien parfait, non? — où ce qui importe le plus est d’être vu, suivi et aimé sur n’importe quel type de plateforme internet, l’acte de “blogger” me pose de plus en plus de problèmes éthiques. Qui suis-je à prétendre faire de la littérature de gare sur les cendres de ma maladie? Quelle est cette maladie qui pousse à écrire sur et dans le vide? Bilan? Encore? Ferme ta gueule? C’est toujours la même ritournelle: les mois passent, rien ne s’améliore, je me vois décliner, m’effacer, et peut-être est-ce mieux ainsi. Je me sens rouillé, physiquement comme intellectuellement. Mes problèmes de concentration empirent. Quoi de neuf, docteur? Je me demande surtout si Congratulations de MGMT est bien le plus grand album de rock du vingt-et-unième siècle. Stan! Te rappelles-tu de tes conseils foireux: tenter le diable, retirer les “gros” médicaments et voir ce que devient la bête? Qu’y a-t-il entre la dépression et la manie? Ah! Oui: l’euthymie. Le problème, c’est que j’ai vécu une grande partie de ma vie en hypomanie et que j’aimais vraiment ça. Lorsque j’ai été “définitivement” diagnostiqué bipolaire, il y a quelques années, j’avais en tête d’écrire un livre intitulé À la recherche de l’euphorie interdite. Je ne l’ai pas écrit sur le papier: j’ai toujours été meilleur acteur qu’écrivain.

Où en étais-je? Demain sera un autre jour de vide. J’essaierai de penser à écrire des choses valables. Pourquoi pas… un classement de mes pires et meilleurs moments en HP ou clinique? Pourquoi pas… me taire?